Par David Joly, co-trésorier de la REV
L’examen de la dernière proposition de loi relative à la condition animale vient de se tenir durant pas moins de trois jours, eu égard aux 500 amendements qui ont été déposés par les divers groupes parlementaires.
Cette surabondance d’amendements signifie-t-elle que ce sujet est devenu primordial aux yeux d’une grande majorité des députés ? Bien sûr que non, la plupart d’entre eux ont pour unique objectif d’entraver le débat et de mettre en lumière leur allégeance aux différents lobbies dont le fonds de commerce est l’exploitation animale.
Pourtant, cette proposition de loi issue de la majorité présidentielle est très loin d’être radicale, puisque seules deux catégories d’animaux sont concernées quant à d’éventuelles avancées :
– les animaux de compagnie pour lesquels la France est de loin la championne d’Europe de l’abandon ;
– les animaux sauvages détenus en captivité au sein des cirques itinérants et des delphinariums.
Loïc Dombreval, député de la majorité, vétérinaire de profession et co-auteur de la proposition de loi, n’hésite pas à qualifier l’examen de cette dernière de moment historique et de « magnifique première marche ». (1)
Accordons-lui la sincérité de son engagement personnel sur la question de la condition animale et les bienfaits qu’assurera cette future loi pour les catégories d’animaux directement concernées.
Mais soulignons également, à l’image de nombre de représentants de la société civile (associations comme particuliers), que cette proposition de loi fait l’impasse sur de nombreuses pratiques qui sont tout autant, si ce n’est plus, génératrices de souffrance pour d’autres catégories d’animaux.
Parmi elles : la chasse, la corrida, l’élevage intensif.
Lorsqu’un journaliste de France Info souligne ce fait auprès de Loïc Dombreval, ce dernier indique que viendra le temps où ces sujets seront débattus, mais qu’à ce jour les députés ne sont pas prêts et qu’un débat sur la chasse, la corrida ou l’élevage intensif ne ferait que générer des cris au sein de l’hémicycle, le rendant alors inaudible et inefficient.
Cette assertion de Loïc Dombreval interpelle et inquiète à double titre.
Nous nous interrogeons en effet sur la représentativité de cette Assemblée nationale. Interrogation qui ne devrait exister à aucun moment puisque, comme le souligne son propre site, les députés représentent la Nation tout entière et non leurs électeurs et, en cela, doivent se déterminer en fonction de l’intérêt général. (2)
Dès lors, peu importe qu’ils s’estiment personnellement prêts ou non, ils sont investis d’un mandat qui leur confère le devoir de faire prévaloir les aspirations de l’ensemble des citoyens, et non leurs convictions personnelles ou l’intérêt particulier de leur entourage. Apparemment, peu de députés consultent le site de l’Assemblée nationale.
Et à entendre Loïc Dombreval, un sujet de société, quel qu’il soit, peut ne jamais être débattu à partir du moment où des députés prennent soin d’éructer en permanence dès qu’on l’aborde. Nous aurions pu penser qu’il existait des garde-fous afin de permettre systématiquement un débat démocratique et contradictoire. Mais non, quelques hurluberlus bruyants sont suffisants pour que leurs collègues décident de reporter l’initiative aux calendes grecques. Et ce sont ces mêmes énergumènes qui deviennent doux comme des agneaux dès lors qu’il s’agit d’adopter une loi taillée sur mesure pour les lobbies qu’ils chérissent tant.
Saluons donc Monsieur Dombreval pour ces quelques pas en faveur d’une partie du vivant. Et donnons-lui raison quant à cette même avancée à venir pour les autres animaux sauvages ou d’élevage. Mais pour cela, il sera impératif d’expurger l’Assemblée nationale de ses adeptes de la lobbycratie qu’ils servent depuis bien trop longtemps.