TRIBUNE DE LA RÉVOLUTION ÉCOLOGIQUE POUR LE VIVANT
Pour une écologie du réel
À l’occasion de la COP15, Conférence de l’ONU sur la Biodiversité qui se tient à Montréal dans l’indifférence générale, nous, Révolution Écologique pour le Vivant, dénonçons l’inaction de la France en matière d’écologie ainsi que la déconnexion totale de la réalité par les politiques sur le sujet. Nous appelons à mener urgemment une écologie du réel, une ambition que nous défendons en tant que parti politique.
Les mesures écologiques du gouvernement français sont non seulement insuffisantes, mais avant tout hors sol, dissociées de la réalité factuelle et scientifique. Face à une destruction du vivant toujours plus grande, face au réchauffement climatique et à ses conséquences toujours plus dévastatrices, et devant un énième sommet sur l’écologie dont le fiasco est connu d’avance, nous réclamons une véritable rupture avec le modèle illusoire prôné par les gouvernants. Seule une écologie basée sur le réel pourra nous sortir de l’impasse.
Les engagements fixés par les Objectifs d’Aichi en 2010 n’ont pas été tenus en termes de protection de la biodiversité. La réalité est encore plus tragique : depuis, nous sommes entrés dans la 6ème extinction de masse. Le WWF établit que les populations mondiales d’oiseaux, de mammifères, de reptiles, d’amphibiens et de poissons ont décliné de 69% depuis 1970. Bien d’autres espèces animales connaissent un effondrement démographique, dans le monde mais aussi en France. C’est notamment le cas des hérissons, des vers de terre, des abeilles ou encore des oiseaux, dont on sait le rôle essentiel au maintien de l’équilibre naturel du monde. Ces derniers ont vu leur population chuter de 30% en 30 ans sur notre territoire. Bien d’autres chiffres alarmants, mais avant tout réels, existent et démontrent à quel point la situation est grave pour les êtres vivants.
Nous savons désormais que l’objectif fixé en 2015 dans le cadre des Accords de Paris, à savoir limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré d’ici à la fin du siècle, est impossible à atteindre. Le dernier rapport du GIEC annonce une hausse de 2,7 degrés en 2100. Des chercheurs du CNRS, de Météo France et du CERFACS prévoient quant à eux une hausse de 3,8 degrés de plus qu’au début du XXe siècle.
Concernant la biodiversité, qui fera l’objet de la COP15, l’IPBES affirme dans son dernier rapport que la surexploitation d’espèces sauvages constitue un danger pour les êtres humains.
Tous ces groupements de scientifiques reconnus, qui ne sont pourtant pas issus de la gauche écologiste radicale, s’accordent à dire que la situation est préoccupante. Nous en connaissons les responsables : ce sont nous, les êtres humains. Et malgré notre rôle à jouer, nous ne faisons rien pour limiter la catastrophe.
La COP15, autrement dit la 15ème Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique, commence donc officiellement ce mercredi 7 décembre. Que pouvons-nous attendre de cette nouvelle convention ? Nous ne prenons aucun risque à affirmer qu’elle ne débouchera sur rien. Cette COP, comme toutes les précédentes, servira uniquement à présenter une déclaration d’intention, visant à disculper les gouvernants de toute inaction écologique. Pourtant, plus que d’inaction, c’est de complicité d’écocides que nous accusons le gouvernement français, au même titre que les dirigeants des autres pays.
Et nous pesons nos mots. La France n’est pas à la hauteur des enjeux écologiques. Malgré l’interdiction en vigueur, notre pays continue d’exporter des pesticides aux quatre coins de la planète. Notre pays n’applique pas le Plan biodiversité, qu’il a pourtant lui-même mis en place. Notre gouvernement a pris des décisions indignes de ses responsabilités et contraires à ce que les connaissances scientifiques nous imposent de faire.
Depuis qu’Emmanuel Macron est au pouvoir, nous avons assisté à la réautorisation des néonicotinoïdes, au détricotage du droit de l’environnement, au non-respect des propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat et au dépassement du taux maximum requis sur l’artificialisation des sols. Aucune politique de protection du vivant n’est menée dans les territoires d’outre-mer alors qu’ils abritent 80% de la biodiversité française. Nous avons également assisté, impuissants, à la soumission du gouvernement aux lobbies de l’industrie agroalimentaire, des énergies fossiles et de la chasse.
À la COP15, les dirigeants se pencheront sur notre impact écologique et à sa réduction dans les limites planétaires. Si le sujet est intéressant, il faut savoir de quoi on parle : notre empreinte écologique en France est telle, que nous produisons et consommons en une année 3 fois plus que ce que la planète peut régénérer.
Le seul moyen de venir en aide au vivant est donc de revoir notre modèle économique dans son ensemble. Une économie qui repose sur l’éloge de la croissance entraîne forcément un échec écologique. On ne peut pas à la fois miser sur la rentabilité constante et réduire notre impact carbone. Il est urgent de prendre en compte la réalité des enjeux planétaires et de sortir du modèle productiviste, modèle qui n’est pourtant jamais remis en question.
Le vivant ne peut plus être uniquement considéré comme une marchandise. Nous faisons partie de la biodiversité, dès lors il en va aussi de notre survie. Il est grand temps de prendre le parti de l’écologie du réel et de repenser notre rapport à la consommation, au temps et au travail. Il est grand temps de revoir notre notion du bonheur, en intégrant les faits, et non plus l’illusion du greenwashing.
Victor PAILHAC et Azelma SIGAUX,
coordinateurs de la Révolution Écologique pour le Vivant