Par David Joly, co-trésorier de la REV
Au soir du mercredi 2 décembre, un nouvel homicide à caractère cynégétique s’est déroulé au sein de la commune de Calvignac, dans le département du Lot. Un jeune homme de 25 ans, coupant du bois au sein de sa propriété, s’est vu ôter la vie par une balle provenant du fusil d’un chasseur participant à une battue aux sangliers quelques centaines de mètres plus loin. Il s’appelait Morgan Keane et était d’origine anglaise.
Le hasard veut que la veille, quatre chasseurs comparaissaient devant le tribunal correctionnel de Thonon-les-Bains, en Haute-Savoie, en raison de l’homicide d’un autre citoyen lui aussi d’origine britannique, abattu le 13 octobre 2018 d’une balle en plein thorax alors qu’il effectuait une balade en VTT. L’un pour être l’auteur du tir mortel, les trois autres pour avoir tenté de dissimuler la réalité des faits.
Des homicides de cette nature ont malheureusement lieu depuis des décennies sans discontinuer.
Il est bien entendu choquant et dramatique de constater les vies de ces femmes et hommes fauchées qui laissent un vide sidéral dans celles de leurs conjoints, parents ou enfants.
Il est tout autant révoltant d’observer la minimisation qui en découle de la part du monde de la chasse et de ses représentants, comme si ces victimes collatérales aux trente millions d’animaux abattus chaque année faisaient partie du jeu.
À peine informé du décès du jeune calvignacois, l’une des premières déclarations à la presse locale du président de la fédération de chasse du Lot fut : « Je trouve cet évènement bien triste, d’autant plus qu’on fait le maximum pour qu’il y ait de plus en plus de sécurité. Mais malheureusement, des accidents arrivent quand même ». C’est comme ça, voyez-vous, on n’y peut rien : voilà l’idée qui découle des propos de ce « responsable » cynégétique.
Des propos dans la droite ligne de ceux du lobbyiste en chef du monde cynégétique, Thierry Coste, lorsqu’il claironne que les accidents mortels liés à la chasse sont en constante régression et qu’au final la chasse tue beaucoup moins que d’autres activités, telles que l’alpinisme.
Mais ce qu’oublie de dire Thierry Coste, c’est que si effectivement le nombre annuel d’homicides cynégétiques est passé d’une trentaine au début des années 2000 à une dizaine de nos jours, c’est aussi et surtout parce que durant cette période, les effectifs de chasseurs ont poursuivi cette chute qui a débuté au milieu des années 1970 et qui depuis ne s’arrête pas, situant le nombre de pratiquants très en deçà du 1,1 million affiché de façon mensongère depuis maintenant plus de dix ans.
Et surtout que si un alpiniste vient à perdre la vie ou à l’ôter à l’un de ses partenaires par mégarde, son objectif premier est de franchir un col, atteindre le sommet d’un mont, traverser une chaîne de montagnes, et à aucun moment de tuer ou de se tuer.
Or, quel est l’unique but de tout individu armé au milieu des bois ou en rase campagne ? Ôter la vie d’un être vivant. L’homo sapiens qui en fait les frais n’est peut-être pas la cible initialement visée, mais l’intention de tuer est bel et bien présente.
Ces multiples comportements de banalisation de l’homicide par inadvertance ne sont pas sans effet. À commencer sur leurs auteurs et leurs complices. Au tribunal correctionnel de Thonon-les-Bains, devant l’absence de remords et de prise de conscience de la gravité de leurs actes, le juge n’a pas hésité à qualifier les accusés d’abrutis. De la même manière, le chasseur condamné en mai dernier pour avoir blessé mortellement dans son jardin une habitante de l’Aveyron, la confondant avec un cerf, estimait que la responsabilité revenait à la haie de la victime à travers laquelle il avait tiré, trop haute et trop épaisse à son goût…
La chasse est une catastrophe écologique : elle est à l’origine de la disparition des équilibres biologiques, de par sa persécution des prédateurs naturels (ours, loups, lynx, renards, fouines), l’élimination d’espèces reconnues comme menacées par l’Union internationale de la conservation de la nature (tourterelle des bois, courlis cendré, martin-pêcheur, mésange boréale, hirondelle rousseline) et l’introduction chaque année de vingt millions d’animaux d’élevages (lapins, lièvres, cervidés, faisans, sangliers) afin d’alimenter son stand de tir.
La chasse est une cruauté sans nom lorsqu’elle consiste, durant plusieurs heures, à terroriser un cerf à travers les bois en le poursuivant à cheval avant de l’achever à coups de dague, à acculer un blaireau ou un renard dans son terrier avant de l’extirper à l’aide de pinces pour le battre à mort à coups de pelle.
La chasse est une aberration éthique puisque le plaisir de tuer est son ADN premier, ce qu’a reconnu récemment le président de sa fédération nationale.
La chasse est une source d’accoutumance à la violence, en témoignent les nombreux faits divers où des individus font l’objet de menaces physiques (avec parfois passage à l’acte) au seul motif de leur opposition morale à sa pratique.
Pour toutes ces raisons, l’abolition de la chasse est un des principes fondamentaux de la Révolution écologique pour le vivant.
Tout parti politique aspirant à une société digne de ce nom ne peut que partager cette position. Il est consternant de constater qu’à ce jour, la quasi-totalité d’entre eux sont sous le joug total du lobby cynégétique, seuls quelques-uns osant, du bout des lèvres, évoquer les abus de la chasse.
La REV n’en revendique que plus encore sa singularité : il n’existe pas d’abus de chasse. La chasse est un abus qui n’a pas sa place dans le projet politique nécessaire afin de résoudre la crise écologique, sociale et sociétale que nous traversons.
Moi aussi j’habite le Lot, et la chasse y est catastrophique mais personne ne dit rien. Il y a une culture de la cruauté ici. Pour répondre à Herbaut, les battues ont lieu tous les jours de la semaine, en fonction des sociétés de chasse. Quant tu as 3 ou 4 sociétés de chasse sur ta commune attends-toi à ce que ça canarde tous les jours. Le pire c’est que ce meurtre ne sera pas puni. Le pire c’est l’impunité totale dont bénéficie ces gens sous l’égide du préfet qui a pour mission de ménager la chèvre et le chou. Ici les chasseurs sont agriculteurs donc… tout va bien pour leurs affaires. Ces personnes n’ont ni foi ni loi, pas vu pas pris. Ils commettent les pires horreurs et toutes les infractions possibles… puisque l’AFB a des moyens très limités… et pourquoi? parce qu’on doit réduire les fonctionnaires et que la nature, l’environnement et le monde animal ne sont pas une priorité vs les enjeux de la chasse. Oui la chasse rapporte. (et pas que des cadavres aux gens qui les laissent passer chez eux… )
Bonjour. Ma compagne a frôlé le drame il y a quelques semaines sur la commune de La Bruffière en Vendée, elle était à vélo. Toutes les mesures de sécurité avaient été prises par elle avant son départ : casque et gilet fluo… Quoi faire d’autre pour rentrer sain et sauf d’un balade en biclou? S’armer? Bref, elle a entendu, alors qu’elle circulait sur une route carrossable, pas un chemin vicinal ni un sentier, un coup de feu extrêmement proche; puis un chevreuil terrorisé a traversé ladite route en deux bonds juste devant sa roue, manquant la heurter ou au mieux la faire chuter. Elle a hurlé aux chasseurs (invisibles) de ne plus tirer. Ca s’est finalement bien fini : les chasseurs ont manqué le chevreuil…Ainsi que ma compagne. Sa plus grosse erreur, finalement, fut de poster sur la page Facebook de la commune qu’elle a initiée, une demande polie aux chasseurs d’éviter de tirer des “cerfs” si près des routes et des hameaux habités. Elle n’a récolté que moqueries et railleries, pour avoir… confondu un cerf et un chevreuil… L’ignare !
J’habite dans le Lot, il est effectivement dangereux de se promener sur les sentiers de randonnée, surtout le samedi jour habituel des battues de sangliers ou de chevreuils poursuivis par des meutes de chiens. Effectivement c aussi dangereux d’être chez soi. Permettre de tirer avec des balles qui peuvent parcourir des kilomètres est irresponsable de la part des pouvoirs publics. Un cheval avait été abattu par une “erreur de tir” près de son propriétaire devant sa maison en Normandie.