Réponse à la tribune “Nous n’avons pas le choix: il faut concilier économie et écologie” parue dans le Monde
Par Elsa Sempey, écrivain pour la REV
La REV est un jeune parti qui depuis 3 ans prône un nouveau paradigme pour une existence équitable, la prise en compte de tous les individus humains ou pas, la protection des plus vulnérables, la qualité de vie pour tou.te.s et un système où tout mènera au respect du vivant, la protection de la Nature sans concessions et un “sens d’être” rendu à chaque individu.
La tribune du “parti de la nature” lancé par Yann Wehrling est de toute évidence un début de bonne nouvelle pour nous, membres de la REV et sympathisants. Nous saluons cette initiative venant de membres de partis en place depuis longtemps et n’ayant jusqu’ici fait globalement que des pas subliminaux en ce sens, lorsque ce n’était pas des pas en arrière.
Cependant, il est faux que les citoyens en ce pays voient la lutte pour le vivant au premier plan : il y a surtout une inquiétude générale et inhérente de voir l’avenir se dégrader (dérèglement climatique, appauvrissement des ressources, réfugiés climatiques…) chez la plupart des concitoyens – si on ne compte pas les climatosceptiques, bien sûr. Tant mieux si vouloir sauver sa peau arguait une solidarité soudaine pour l’ensemble du vivant, mais il est un fait qui irrémédiablement nous ramène à la case de départ : ne pas prendre en compte les individus, leur droit de vivre individuel, leurs sentiences qui font de chacun d’eux un monde, et parler toujours d’espèces, considérer les groupements de manière générale, revient à ne pas prendre les décisions sans concessions que nécessite le vrai changement. Convenir des possibilités de pourcentages de pertes, ou encore dire que l’on rend meilleure une tendance qui en elle-même n’a rien d’éthique, au lieu de l’abolir simplement, laisse toujours la brèche à l’entourloupe du lobby, permet de sublimer ce qui de fait reviendra à faire perdurer le même système, en mieux reçu par la dorure de sa nouvelle image.
Nous ne sommes plus à la moindre économie près d’actions contre l’obsolescence programmée d’un avenir pour l’actuelle biosphère : le plus petit millième de changement dans le sens du vivant devient éminemment nécessaire tant la situation est grave. Toute personne qui s’intéresse un tant soit peu à la science et aux plus grandes études a accès à cette information. Mais si proportionnellement à l’ampleur de la tâche globalement rien ou presque n’est fait, c’est bien parce que les amas d’inconnus et l’instinct anthropocentré, l’habitude de l’immédiat comme le manque de recul d’une pensée seule, anesthésient la prise en compte d’autrui. Des autruis. Le premier devoir d’un gouvernement serait donc d’être exemplaire, de relayer les véritables informations, de donner les outils pour désirer réagir et bien sûr de prendre des décisions. Comme le dit très bien la tribune du collectif de Yann Wehrling, évidemment ne financer que les actions qui vont en ce sens, mais encore faut-il savoir distinguer celles qui font croire qu’elles vont en ce sens. Les pires mensonges sont les demi-vérités, et commencer par l’autocritique et donner la parole aux véritables experts sur le terrain est un passage obligé pour que des gouvernants deviennent crédibles. Comment faire confiance à ceux qui depuis des décennies ne font qu’agir à l’opposé du bon sens? La tribune du “parti de la nature” est tout à fait louable dans son intention d’en finir avec les fausses promesses, certes.
Mais dans ce suicide collectif mené par notre civilisation de la destruction, du profit, de la guerre et du déchet, il faut garder en tête que c’est bien toute une vision dans le fond comme dans la forme qui est à refaire : nous sommes tous concernés ; une par une, chaque personne est un monde. Et continuer à penser que l’exploitation animale pourrait devenir éthique est aussi aveugle que ne pas tenir compte des victimes de génocides humains loin de nos contrées. Abandonner les plus vulnérables à l’entretien de nos traditions et de notre luxure, prendre certains pour plus que d’autres, est en fin de compte à l’origine de notre perte générale. Aujourd’hui ce que l’on appelle encore “élevage” est aussi la première cause de déforestation et d’émissions de gaz à effet de serre, avant même l’ensemble des transports. On a vu grâce notamment aux enquêtes de L214 que même les plus petits exploitants bios sont d’une cruauté sans nom. La mise à mort, alors qu’elle est innécessaire pour les habitants de la France, ne pourra jamais être ni douce ni acceptable. L’économiste Eloi Laurent ne préconise pas une protection de 30% des zones naturelles, mais de rendre à la vie sauvage 50% de la surface de la Terre, pour qu’elle puisse se régénérer, afin d’y envisager un avenir vivable. Et la pêche même dite “raisonnée” est la première cause de morts de dauphins sur nos côtes hexagonales, comme en témoigne Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd et vice-présidente de la REV. Il est temps que l’on écoute nos ONG et associations qui œuvrent bec et ongles sur le terrain.
Le bien-être des individus, humains ou non, passera par des écosystèmes libres de l’intervention armée des humains et par la fermeture des abattoirs, par le soin des plus vulnérables dans nos sociétés aussi et par la prise de décisions solidaires et compassionnelles. Pacifistes et incorruptibles, sans place pour les “compromis pour ne pas choquer l’opinion publique”, mais dans l’optique de rendre un avenir vivable au.x monde.s qui reste.nt encore à sauver, à chaque terrien.ne.
Notre devoir envers le vivant est proportionnel aux droits illimités que nous nous sommes autorisés sur la Nature depuis des millénaires.