Par Agnès Olive, adhérente REV région PACA
Parcourir 120 kilomètres à la nage entre Marseille et Toulon pour récupérer les macro-déchets qui polluent la Méditerranée, tel était l’objectif du projet «Grand Saphir» qui s’est tenu entre mai et juin 2017. Un documentaire retraçant cette épopée, ainsi que de nombreuses initiatives encourageantes, est désormais disponible.
Aujourd’hui on estime à environ total 250 milliards le nombre de micro-déchets en Méditerranée, dont 80 % proviennent de la terre. Le plastique occupe une grande place dans ces déchets (80 %) né de la main de l’Homme et donc non-organique, il n’est pas biodégradable et se décompose en micro-déchets avec le temps : une catastrophe écologique permanente pour la flore et la faune marine…
Une nage pour ramasser les déchets
L’histoire a commencé avec Emmanuel Maurin, 32 ans, dit « Manu », qui pratique la nage en eau vive depuis une dizaine d’années dans la rade de Toulon. Ces derniers temps, effrayé par l’augmentation des déchets marins, il a commencé à les ramasser lors de ses sorties. C’est ainsi qu’est né le projet un peu fou nommé Grand Saphir, afin de sensibiliser le grand public à cette pollution qui ne cesse de gagner du terrain.
Le nageur est parti de Marseille l’année dernière le 25 mai 2017 pour arriver à Toulon le 8 juin, pour la Journée mondiale des océans. Pendant cet exploit sportif et écologique, Manu a été suivi et filmé par le réalisateur Jérémi Stadler et il en ressort un documentaire fabuleux, au titre modeste : Le Grand Saphir, une révolte ordinaire. 52 minutes de pur bonheur qui retrace l’aventure de Manu mais pas que… Le film est entrecoupé de plusieurs initiatives individuelles aussi folles et aussi belles pour ramasser les déchets sur terre comme en mer pour sauver le vivant !
De nombreuses initiatives qui montrent l’exemple
On y retrouve plusieurs personnes sur le tout le territoire qui se sont engagées à nettoyer la planète : Edmund Platt, le fondateur de « 1 Déchet par Jour » à Marseille, Nicolas Lemonnier le joggeur qui a créé « Run Eco team » en Bretagne ou Hervé Pighiera celui qui a initié « Une marche pour l’environnement » depuis les Alpes-de-Haute-Provence jusqu’à Paris… On se rend compte que de nombreuses initiatives de collectes de déchets sont apparues un peu partout en France.
Le film reflète, grâce à tous ces gens, jeunes ou moins jeunes, un nouveau militantisme écologique qui n’est en rien moralisateur ni culpabilisateur, ce n’est pas non plus ennuyeux, au contraire c’est très joyeux, positif, ça donne envie de faire pareil et c’est le but ! On rit, on pleure, on est ému tout le temps, les images sont superbes et la musique est sublime (le film vient d’ailleurs de recevoir le Prix de la Meilleure Musique aux Green Awards de Deauville).
Une dimension scientifique
L’exploit comportait aussi une dimension scientifique car les déchets ramassés ont été caractérisés, localisés et analysés à leur retour, avant d’être bien évidemment recyclés.
Ainsi, tout au long du film on écoute attentivement les interventions d’Isabelle Poitou, présidente de l’association Mer Terre, spécialiste de l’analyse des macro-déchets marins, nous donner ses analyses scientifiques à partir des données des ramassages de Manu.
L’objectif de cette initiative est de dépolluer mais aussi d’encourager un autre regard sur notre environnement et de passer à l’action ! Tant pis s’il y en a qui continuent à jeter des déchets dans la nature, tant pis si les pouvoirs publics ont encore beaucoup de mal à régler ce problème de gestion des déchets, en attendant, des hommes et des femmes, des citoyens « ordinaires » passent à l’action.
Agnès Olive est rédactrice en Chef de Marseille Vert www.marseillevert.fr