Par Sandro Rato, co-référent IDF pour la REV et Clotilde Lecoester, sympathisante REV et militante du mouvement climat
Photo : Clotilde Lecoester
Introduire un bilan concernant des luttes contre le changement climatique par cette question rhétorique peut surprendre ; cependant l’interrogation, bien que formelle, reste légitime. Depuis le 17 mars, la France est à découvert climatique, c’est à dire qu’en 77 jours, le pays a émis plus de gaz à effet de serre que ce qu’il pourrait émettre en un an s’il respectait ses engagements. Alors que le crédit carbone de la France est épuisé, les mobilisations citoyennes se renforcent, réclamant à leurs représentants l’élaboration d’une Vraie Loi Climat. Bref retour, factuel, sur une fin de décennie contrastée entre espoirs et désillusions.
L’AFFAIRE DU SIECLE A LA BARRE
D’une manière assez unanime, citoyennes et citoyens, associations et ONG, instances étatiques mises en place par le gouvernement lui-même, considèrent les actions de ce dernier au moins insuffisantes sinon dérisoires. Afin de se faire entendre, d’affirmer la légitimité institutionnelle de telles critiques, quatre organisations de protection de l’environnement et de solidarité internationale : Notre Affaire A Tous, la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme, Greenpeace France et Oxfam France, entament collectivement une procédure : L’Affaire du siècle. Une plainte est déposée contre l’État français pour inaction climatique, et ce afin d’exprimer l’urgence et la responsabilité de nos gouvernants et des politiques publiques en termes juridiques. Elle est soutenue par plus de 2,3 millions de signataires, grâce à la diffusion d’une pétition en ligne, puis déposée au tribunal administratif de Paris. En outre, le gouvernement français n’a pas tenu ses objectifs ; il s’était engagé à réduire de 40% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport à 1990, mais celles-ci ne font toujours qu’augmenter.
Le gouvernement rejette ces accusations d’inaction, en invoquant, notamment, la loi énergie-climat de 2019, visant la neutralité carbone à l’horizon 2050. Pourtant, les mesures instaurées par le gouvernement français, en première ligne desquelles figure l’aide apportée en ces temps de crise aux secteurs de l’automobile et de l’aéronautique sans aucune contrepartie, n’attestent pas de leur volonté, tant de fois affirmée dans leurs discours, de voir se concrétiser la stabilisation du réchauffement planétaire à 1,5°C. Ne pas dépasser ce seuil pourrait pourtant permettre, selon les projections scientifiques, de limiter notre exposition face aux risques induits par le changement climatique.
Grâce à L’Affaire du Siècle, le gouvernement a été condamné pour son inaction climatique. Le 19 novembre dernier, le Conseil d’État a donné trois mois au gouvernement afin de “justifier que la trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre à horizon 2030 pourra être respectée“. Une étude a ainsi été réalisée par le cabinet d’expertise indépendant Carbone 4, pour démontrer qu’il est indispensable de mettre en place des mesures supplémentaires pour que la France respecte ses engagements climatiques à l’horizon 2030. La conclusion du rapport est la suivante : “il est certain que les mesures adoptées ou envisagées par l’État, notamment dans le cadre du projet de loi Climat et résilience, ne permettront pas d’atteindre l’objectif global de réduction de 40% des émissions de GES à 2030 par rapport à 1990.“
Le Tribunal administratif et le Conseil d’État devraient lui ordonner de prendre des mesures concrètes pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre.
D’UNE DÉCEPTION CITOYENNE POUR LE CLIMAT …
Cependant, une initiative inédite a vu le jour comme pour faire taire les critiques formulées par le mouvement des Gilets Jaunes qui a permis, entre autres choses, de ne plus opposer les problématiques écologiques et les revendications sociales. Ainsi, le projet de Convention Citoyenne pour le Climat, créée en octobre 2019 s’est organisé comme une expérience de participation citoyenne. Elle a réuni 150 citoyens tirés au sort pour travailler pendant neuf mois, sur des propositions de loi visant à limiter le réchauffement climatique.
Dans son rapport publié en juillet 2020, la Convention Citoyenne pour le Climat formule donc 149 propositions où toutes nos habitudes sont passées au crible : nos déplacements, notre alimentation, nos logements, nos manières de produire, de consommer, de travailler. L’objectif était d’arriver à un texte juste et ambitieux pour les citoyens comme les acteurs économiques. Les mesures débattues, avec les données factuelles clairement exposées lors des nombreuses interventions et prises de parole, tantôt encourageantes, tantôt déstabilisantes (on retiendra la pépite concernant l’« argent magique » d’un Edouard Philippe ratant sa vocation d’humoriste économe), ont été contre certaines attentes, cohérentes, sérieuses, scientifiquement étayées et radicales. Elles devaient être reprises « sans filtre » pour reprendre les mots d’Emmanuel Macron. Or, on estime que seulement 28 des 149 propositions sont conservées, certaines étant soumises à modification, les fameux « jokers » du Président de la République. Lorsqu’on en est réduit à voir la politique et l’avenir des citoyens et des vivants comme un jeu de cartes, la partie semble déjà perdue.
Du 26 au 28 février dernier, les 150 volontaires de la Convention ont partagé leur sentiment sur l’opération de désinformation, de démolition et de greenwashing exercée sur leurs propositions légitimes, notamment en notant le gouvernement. Sans surprise, la déception domine : ils ont donc attribué la note de 2,5/10 au gouvernement français. Le mépris qu’Emmanuel Macron a manifesté envers ces critiques lors de son interview événement pour Brut démontre à quel point les néolibéraux portent dans leur ADN le déni de démocratie lorsque celle-ci repose sur la souveraineté populaire.
… A LA RENAISSANCE DU MOUVEMENT CLIMAT
Face à la déception des 150 et des autres citoyens, de nombreuses marches ont été organisées lors de ces deux derniers week-ends. La grève mondiale pour le climat organisée par Youth For Climate France a eu lieu le vendredi 19 mars, dans une quarantaine de villes. A Paris, elle a rassemblé plus de 10 000 jeunes. Ceux-ci ont sollicité à nouveau l’attention du gouvernement français pour qu’il ne se contente plus de vagues engagements ou objectifs à l’horizon 2030 ou 2050. Le temps est désormais aux véritables plans afin d’atteindre la neutralité carbone le plus rapidement possible.
Une deuxième journée de marche a eu lieu le dimanche 28 mars, à la veille de la discussion qui doit se tenir à l’Assemblée Nationale, pour examiner le projet de loi « Climat et résilience». Les marches ont eu lieu dans 180 villes, mobilisant 110.000 citoyens, celle de Paris ayant rassemblé plus de 55.000 manifestants.
LE PROJET DE “LOI CLIMAT ET RÉSILIENCE”
En vertu des mobilisations citoyennes, le projet de loi “Climat et résilience” est déposé le 29 mars 2021 à l’Assemblée Nationale pour être discuté et voté. Il prend en compte les propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat qui ont été conservées. Les députés vont ainsi débattre sur le sujet pendant trois semaines. Trois semaines de débat qui suscitent beaucoup d’attente mais peu d’espoirs, comme le démontrent les récentes mobilisations. Pour pouvoir user du terme de résilience, encore faudrait-il que parlementaires et gouvernants sachent ce qu’il signifie. Les conclusions de la Convention contenaient des mesures concrètes afin d’absorber l’impact que nos activités font subir aux écosystèmes et à celles et ceux qui les habitent.
Une notion aussi révolutionnaire que celle d’écocide, définissant une reconnaissance juridique, à la hauteur de la gravité des faits, des agressions aux conséquences irrémédiables perpétrées contre les milieux naturels a fait son apparition dans le débat public français. De véritables aides pour la rénovation énergétique des « logements passoires » (5 à 7 millions en France) habitées par des ménages parmi les plus modestes auraient dû être retenues pour ne citer que deux exemples. Mais toutes ces propositions ont été soit revues à la baisse (pour la minorité conservée) soit purement et simplement ignorées par des gens qui feignent de ne pas voir que la gravité de la crise de la Covid paraîtra bien moindre par rapport à la récession environnementale dont les conséquences se font déjà sentir. On peut mettre beaucoup de choses sur le dos d’un virus mais pas l’inconséquence de ceux qui se disent nos dirigeants.
A suivre donc, mais tout en menant une révolution des esprits, des sensibilités et des considérations rationnelles avec la société civile face au pouvoir économique et à la sphère politique dominées par ceux qui veulent dépolitiser l’économie, le social et la vie. La résilience est le fait de se remettre d’un traumatisme en prenant en compte les conséquences de celui-ci, de les orienter vers une autre voie que celle de l’autodestruction. Or, la résilience que nous propose le projet de loi Climat fait le choix d’ignorer le traumatisme, il fausse le processus de reconstruction et de transition écologique et démocratique et fait perdurer une logique lobbycratique qui change la scène politique française en caricature de démocratie procédurale, où les intérêts privés prennent le pas sur toute idée de bien commun.
Répondons à la question initiale par une autre interrogation : “Est-il trop tard pour être optimiste en matière d’écologie” ?
Tout dépend de l’endroit où porte notre regard. Si l’Assemblée Nationale ne nous permet plus d’espérer, repensons les règles et les objectifs de la représentation politique. Lorsqu’il ne nous reste plus que la rue pour crier ou les médias pour pleurer, c’est que l’on a atteint depuis longtemps un point de non-retour. Charge aux citoyens et à la société civile dans son ensemble de conduire le changement pour sortir de l’obscurantisme économiciste et investir la politique institutionnelle par la formation de mouvements indépendants et déconnectés des ambitions électorales carriéristes. La REV est un tel mouvement.
Sources :
L’Affaire – L’Affaire du Siècle (laffairedusiecle.net)
Convention climat : les propositions que le gouvernement a déjà refusées (reporterre.net)
19 et 20 Mars : plus de 35 villes en grève pour le climat en France | Youth for Climate France
L’affaire du siècle » : « Les juges français doivent oser défendre le droit à un environnement sain et un climat stable » (lemonde.fr)
https://www.franceinter.fr/societe/l-affaire-du-siecle-l-etat-a-la-barre-pour-inaction-climatique
L’ alimentation carnée est climaticide.
Le 4eme rapport du GIEC avait évalué l’ élevage à des fins alimentaires, plus climaticide que le transport mondial, en prenant un PRG du méthane de 21 à 100 ans.
Nos dirigeants de France et d’ Europe, ont réalisé la portée de cette évaluation, et en bons élèves pour faire bonne figure sur ce truc à la mode, les COP, pour s’ en servir comme un faire-valoir, ils ont transmis l’ info a leurs institutions… mais, pas de vagues, pas de pub, 21 à 100 ans, on a le temps…
Mais voilà qu’ à cette COP21, le 5éme rapport du GIEC publie des valeurs plus… dérangeantes. Le PRG du méthane est de 120 à to, 104 à 10 ans, 84 à 20 ans… 28 à 100 ans pour l’ elevage, 35 pour le gaz de couches géologiques ( grisou).
Ce qui signifie que l’ ELEVAGE à des fins ALIMENTAIRES est BEAUCOUP PLUS CLIMATICIDE que le transport mondial.
Dérangeant les lobbys de l’ agriculture, de l’ alimentation, de la restauration, du tourisme, nos dirigeants, pleutres, égocentrés, ont organisé l’ OMERTA sur ce sujet.
Même nos institutions nationales, soumises mais complices, n’ ont pas mis à jour leurs données.
Nos dirigeants sont coupables d’ OMERTA mafieuse sur l’ alimentation carnée, comme Eichman, qui a été reconnu coupable d’ excellence complice, dans l’ organisation des transports vers les camps de la mort, nos dirigeants sont coupables d’excellence dans le maintien de Traditions climaticides….
CLIMATICIDE, ce terme n’est pas à banaliser par confusion avec les aléas météos, il révèle des CERTITUDES statistiques.
La sortie de l’alimentation carnée nous affranchit des rendements biologiques des espèces intermédiaires de la chaîne alimentaire, ce qui réduit l’ espace nécessaire à l’ alimentation humaine, libère de l’espace à la biodiversité, aux forêts, qui sont protectrices des sols, des nappes phréatiques, puits de carbone mais aussi, qui alimentent les cycles de l’eau par evapotranspiration, ce processus régulateur climatique global planétaire qui transforme l” énergie thermique en énergie mécanique par transport de cette énergie des zones d’évaporation aux zones de précipitation.
Il faut SORTIR de l’ ALIMENTATION CARNÉE. de toute Urgence.