En ce mardi 18 décembre 2018, les élus de la région Auvergne-Rhône-Alpes s’apprêtent, sur proposition du président du Conseil Régional Laurent Wauquiez, à voter en assemblée plénière une reconduction de partenariat avec la Fédération Régionale des Chasseurs à hauteur de 3,3 millions d’euros. Une somme similaire à celle déjà gracieusement offerte en 2016 à cette même fédération. Plus de 6 millions d’euros ainsi obtenus par les chasseurs en six ans, dont 600 000 euros consacrés à la création d’une filière de commercialisation de la venaison ! À n’en pas douter, ces sanglantes perspectives financières ont de quoi réjouir les principaux intéressés…

L’objectif affiché de ce nouveau plan de financement est clairement énoncé en préambule du rapport remis il y a quelques jours aux membres de la commission environnement de la région : « faciliter l’action des chasseurs afin qu’ils disposent des moyens nécessaires pour mener à bien les missions de régulation des espèces pouvant occasionner des dégâts aux activités agricoles et sylvicoles mais également qu’ils permettent la circulation de la faune sauvage. » Pour ce faire, l’équipe dirigeante du Conseil Régional propose d’accompagner les chasseurs dans leur mission de préservation de la biodiversité, d’encourager leur désir de communication et de partage de l’espace et de soutenir leur volonté de valoriser la venaison. Un programme qui nous laisse la curieuse impression de propositions directement murmurées – avec la discrétion qui s’impose cela va sans dire – à l’oreille du pouvoir en place qui, pour satisfaire de potentiels électeurs, sait faire preuve d’une capacité d’écoute remarquable.  

Or, que constate-t-on ? « Il y a huit fois plus de sangliers qu’il y a trente ans, les dégâts et indemnités aux agriculteurs s’élèvent à plus de 50 millions d’euros annuels à l’échelle nationale, 14 millions de faisans et 5 millions de perdrix sont élevés chaque année dans des conditions indignes afin de servir de ball-trap aux chasseurs… » nous indique Fabienne Grebert, élue du Rassemblement citoyens-écologistes-solidaires au Conseil Régional et membre de la Commission Environnement.

En effet, cela fait bien longtemps que les défenseurs de la cause animale et de la biodiversité ont mis en lumière les mensonges des chasseurs. Ainsi, il est avéré que nombre de ces derniers n’ont que faire de la sauvegarde des milieux naturels qu’ils fragilisent considérablement, y introduisant en nombre des animaux d’élevage maltraités qui participent, bien malgré eux, à la mise en péril du patrimoine génétique de la faune locale ; sans oublier que ces élevages sinistres ne cessent de se multiplier, engendrant une souffrance animale aussi abjecte qu’inutile. Quant au suivi des populations, il se traduit par la traque de nombreuses espèces classées en voie de disparition ou par la destruction systématique, et selon des pratiques d’une barbarie inqualifiable, d’espèces considérées à tort comme nuisibles, dont le rôle essentiel au sein des écosystèmes a pourtant été prouvé depuis bien longtemps.

Par ailleurs, le partage de l’espace et les conflits d’usage n’existent pas. La réalité est simple : les chasseurs privatisent, selon leur bon vouloir, les espaces naturels afin d’y pratiquer leur loisir mortifère. Pourquoi Monsieur Wauquiez refuse-t-il de prendre en compte les appels des promeneurs, sportifs et autres passionnés de nature qui craignent tous de recevoir une balle au détour d’un sentier ? Aurait-il oublié la mort tragique de ce vététiste survenue récemment en Haute-Savoie ? Mais il semblerait que les chasseurs souhaitent prendre de la hauteur pour rassurer les autres usagers… En installant de nombreux miradors supplémentaires ! Et que l’on cesse de nous vanter le désir de communication des chasseurs ! Leurs actions éducatives, dénoncées par de nombreux enseignants, ne sont en réalité que des tentatives à peine dissimulées de recrutement et de prosélytisme dont la partialité est en inadéquation profonde avec les principes de neutralité et de réserve qui prévalent au sein de l’Éducation nationale.

De plus, il est aujourd’hui demandé au contribuable de participer, sans lui demander son avis, à la mise en place d’une filière venaison – sous le label « La Région du goût » – afin que les chasseurs puissent nous faire profiter de leur butin et développer la consommation locale. Une manne financière prélevée sur le dos de ceux qui ne nous appartiennent pas : les animaux sauvages.

Enfin, comme l’indique la lettre de cadrage de Laurent Wauquiez adressée aux élus du Conseil Régional, « la chasse est pratiquée en France par près de 1,1 millions d’individus, dont 140 000 en région Auvergne-Rhône-Alpes. » Oui, vous avez bien lu. Et comme nous, vous vous demandez sans doute ce qu’il advient des 7,5 millions d’habitants restants de cette région. N’ont-ils pas le droit de profiter des merveilles de la biodiversité locale sans craindre de se faire tirer dessus ou simplement de se voir interdire le passage ? Comment rester insensible face aux accidents de chasse qui ensanglantent trop souvent nos automnes ? Comment peut-on encore prétendre incarner la voie démocratique lorsque l’on fait fi de l’opinion des Français qui réclament, à près de 80 %, la suppression pure et simple de la chasse le dimanche ? Est-ce un manque de lucidité, une surdité exacerbée ou une évidente collusion entre les chasseurs et le pouvoir en place ? La réponse est évidente.

La politique exécutive régionale portée par Monsieur Wauquiez est donc simple : encourager et subventionner grassement l’exploitation et l’appauvrissement de la biodiversité locale afin que les chasseurs puissent en tirer le maximum de profits et de jouissance. Le Rassemblement des Écologistes pour le Vivant s’insurge contre cette gabegie d’argent public alors que nombre de nos concitoyens réclament davantage de justice sociale et le droit de vivre dignement. Notre collectif dénonce cette vision archaïque de notre société et cette pensée utilitariste qui considère la biodiversité comme un réservoir de profits et ne peut rester insensible face à cette volonté clairement revendiquée d’encourager la destruction du Vivant au mépris de l’urgence environnementale et de l’opinion publique.

Le Rassemblement des Écologistes pour le Vivant, partisan d’une écologie essentielle, prône au contraire la mise en place de grandes réserves naturelles afin de sanctuariser un certain nombre de territoires ainsi que la reconnaissance dans la législation du droit pour tout animal non humain de ne pas être tué, ni torturé, ni enfermé ou vendu. Enfin, nous souhaitons, à terme, que la chasse soit interdite sur tout notre territoire.

Hadrien C.
Coordonnateur de la rédaction

Rassemblement des Écologistes pour le Vivant

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