Par Jennifer Secq, plume de la REV
En cette journée mondiale de la mode, il semble opportun d’évoquer l’une des matières premières que cette industrie utilise et qui, derrière son apparence innocente et douce, génère l’exploitation et la destruction. La culture du coton est néfaste tant pour les écosystèmes que pour les travailleurs du secteur. Il faut savoir qu’à cause de la culture du coton, qui pousse à grand renfort de pesticides (1), une augmentation des cas de cancers et des cas d’autisme a été recensée en Inde. (2) Les conditions de travail sont déplorables et les salaires des employés sont totalement insuffisants pour vivre décemment.(4) Enfin, l’industrie du coton exploite les enfants au mépris de leurs droits les plus fondamentaux.
Alors pourquoi continuons-nous à soutenir ce business ? Pourquoi continuons-nous à acheter de la fast-fashion ? Pourquoi soutenir encore et toujours la surproduction de vêtements alors même que nos armoires sont pleines ? Il nous faut encourager, au niveau institutionnel, le commerce de seconde main et de proximité et ce afin d’envoyer un message clair aux géants du textile ! Oui, l’Etat doit amorcer une décroissance de la production de textile puisque le coton, bien que végétal, n’est pas éthique et la communication des grandes firmes tend à tromper les consommateurs avec des labels sans aucune garantie.
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé le coton ne couvre que 3% des surfaces cultivées mondiales, mais nécessite pourtant à lui seul 25% des insecticides utilisés dans le monde et 10 % des herbicides. Celui-ci est également le troisième consommateur mondial d’eau d’irrigation après le riz et le blé, la production d’un seul t-shirt en coton nécessite à lui seul 2700 litres d’eau. À l’heure du changement climatique et des vagues de chaleur intense, l’eau est un commun précieux, de plus en plus soumis à des restrictions.
Nous ne devons plus la gaspiller par peur de changer de modèle de consommation ou par manque d’audace, nous ne devons plus perdre une goutte d’eau pour des besoins qui peuvent être redéfinis selon les impératifs de notre époque.
(5) N’oublions pas la mer d’Aral: elle représentait un immense lac d’eau salée, qui dans les années 1960 avait une superficie de 66 458 km2, autant vous dire qu’elle était gigantesque et pourtant, elle a été asséchée et sa superficie à été divisée par deux à partir de l’an 2000. Cet assèchement est dû au détournement des fleuves qui l’alimente, dans le seul but de produire toujours plus de coton. Le fait est que l’on parle aujourd’hui de la disparition de la mer d’Aral. Alors y a t-il des solutions pour la fabrication de nos vêtements ? Devons nous utiliser des matières synthétiques tout aussi polluantes ? Des solutions existent pour ne plus gaspiller des tonnes de litres d’eau, pour ne plus agresser les sols avec des pesticides toujours plus dangereux, pour ne plus importer les matières premières dont nous avons besoin, pour produire localement, des solutions très simples en vérité:
- (6) La culture d’ortie. Cette plante connue de tous les Français pousse seule, est très résistante au gel et se récolte deux fois par an. Elle nécessite également beaucoup moins d’eau que le coton et n’a pas besoin de pesticide pour pousser, même les jardiniers du dimanche pourront en témoigner. Au delà des raisons écologiques et de santé publique, la culture d’ortie en France serait aussi l’occasion de relocaliser nos productions tout en créant de nouveaux emplois.
- (7) Comme l’ortie, le chanvre et le lin sont des plantes très résistantes. Elles n’ont pas besoin de pesticides et consomment très peu d’eau. Leur culture en France créerait elle aussi de nouveaux emplois.
La préservation de notre planète nous concerne toutes et tous, humains comme non humains et c’est pour cette raison que la lutte pour une terre vivable doit se faire contre les intérêts court-termistes d’une poignée d’industriels. Il ne s’agit pas de reporter la responsabilité sur les seuls consommateurs mais de souligner que le problème est bien structurel. Il convient donc de s’adresser aux géants du textile qui utilisent le coton ou des matières synthétiques mais surtout à l’Etat: Quand cessera l’inaction ? Quand aurons-nous le courage de changer radicalement notre modèle de consommation, celui-là même qui nous pousse vers des désastres climatiques et sanitaires ?
(1) https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/pesticides/conso-la-face-cachee-du-
coton_2603186.html
(2)https://www.equaltimes.org/le-travail-force-persiste-dans-les#.YvFWB0pBybk
(3)https://l-inventaire.com/lindustrie-du-textile-les-conditions-de-travail-des-salaries/
(4)https://www.equaltimes.org/inde-exploitation-et-travail-des#.YvFXakpBybk
(5)https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Mer_d’Aral
(6)https://www.toutvert.fr/fil-dortie-avantages/
(7)https://wsafety-news.com/blog-fr/replacing-cotton-fabrics-that-represent-the-future-of-
sustainable-fashion/?lang=fr