Par Elsa Sempey, auteure, pour la REV

La Révolution Écologique pour le Vivant (REV) est le seul parti en France qui prône l’abolition pure et simple de la chasse.

Qui a dit récemment que la chasse n’était pas un lobby ? Difficile d’oublier ce passage délirant dans l’interview pour Brut de notre président Macron le 4 décembre dernier, dans lequel il défend de manière partisane et décomplexée cette pratique mortifère qui ne concerne que 1,6% grand maximum des habitants de ce pays, mais qui dicte ses lois à tout l’ensemble, qui peine donc de plus en plus à justifier son existence auprès d’une majorité de citoyens qui y sont opposés. Il aura par exemple suffi d’une battue peu avant les fêtes pour les rendre tragiques chez les Droullon et leur chatte Fleur, dans la Manche.

19 décembre 2020 à Saint-Martin-de-Landelles : Fleur, une chatte attaquée et tuée chez elle par une meute de 15 chiens de chasse.

Un « incident malheureux mais pas rare » dira Michel Auvray, le président de l’association de chasse. Un fait divers, divers mais courant, qui peut toucher n’importe qui presque n’importe quand. Une chatte qui avait pourtant échappé à l’idée sans vergogne ni scrupules de Willy Schraen l’été dernier, proposant de généraliser le piégeage des chats « pour sauvegarder la biodiversité ». En France, on ne compte plus les animaux de compagnie tués chaque année par la chasse. Il se trouve que dans la plupart des cas, les personnes qui adoptent des animaux les aiment, ne souhaitent pas les voir mourir sous leur fenêtre et que bien sûr ces animaux veulent vivre. Si en principe, au sein de leurs propriétés, animaux et humains qui cohabitent devraient se sentir en sécurité et libres de leurs mouvements, faudrait-il comprendre que pour le confort des chasseurs les habitations proches des forêts ne devraient tout bonnement pas exister ?

4 février 2018, 16 novembre 2019 et 1er février 2020 à Pont-Sainte-Maxence, 19 septembre 2020 à Compiègne, 12 janvier 2021 à Chantilly : des cerfs traqués lors de chasses à courre trouvent refuge en ville, chez les riverains et même sur les voies de la gare.

Alors voilà, finalement c’est partout, même au cœur des communes, que la chasse ira poursuivre ses victimes, n’en déplaise à ceux qui, victimes ou pas, ne l’approuvent pas, et quel que soit le spectacle cruel et sanguinaire en bout de course. Ces communes ont la particularité d’avoir été récemment des destinations de survie pour ceux qui y finissaient leur fuite d’une mort loin d’être naturelle. Les élus, les habitants ou encore des associations sur place comme AVA sauvent des chasseurs ces animaux déjà blessés et totalement éprouvés, les soignent, les relâchent, font face aux traqueurs freinés par la loi dans leur élan d’achever leurs victimes sur place. Où trouver donc refuge, à part dans des villes abritant des cœurs vaillants ?

Ces 20 dernières années, plus de 400 humains tués par la chasse.

Sans compter les blessés, les rescapés d’une balle dans la chambre des enfants ou à travers la vitre en roulant sur l’autoroute, nul ne peut ignorer la douceur des peines prévues en cas d’« homicide involontaire ». Dans un milieu où tout se résout par « prélèvements » et « régulations », alors que la période de chasse est actuellement prolongée pour « écouler le gibier d’élevage » et que les campagnols se multiplient en surnombre par manque de prédateurs comme les renards (les fameux « nuisibles »), dans un monde où l’humain est à l’origine de la 6e extinction de masse et où les mammifères sauvages ne représentent plus que 4% de la masse totale des mammifères sur Terre (le reste étant les humains et les animaux qu’ils exploitent), pourquoi encore s’étonner de la légèreté avec laquelle les chasseurs considèrent même les « accidents » sur leurs propres congénères et leurs animaux domestiques, tous ces « dommages collatéraux » d’une pratique que désormais ils avouent même comme étant un loisir exempt d’intérêt public, tel que le prouve l’enquête publiée le 19 novembre dernier par l’ASPAS ? https://www.aspas-nature.org/actualites/enquete-sangliers-le-document-qui-accable-les-chasseurs/?fbclid=IwAR23o8R_Jk69r3vkCHGvZoeUaj4PhjWEKyOxqZ7jlTbKZMsKLXE2pLVbvC0

 A se demander quelle monnaie d’échange la chasse représente entre les surfeurs du pouvoir, quel sentiment de pouvoir elle procure aux anxieux de la reconnaissance.   

Vu le nombre de tués involontairement, comment croire que ces faussaires de la gâchette maîtriseraient quoi que ce soit ? Des sociétés animales et humaines meurtries par ce qui n’a aucun rapport avec la sélection naturelle, mais plutôt avec la tuerie aléatoire induite par une pratique sanguinaire consentie et même soutenue par les plus hautes instances. Méconnaissance de la grande autonomie naturelle, intrusion de déséquilibres, animaux et humains  gravement blessés, voire tués sans vergogne, pollutions au plomb et au plastique, forêts de non-droit et peur pour tout le monde y compris chez soi : voilà ce qu’est la chasse.

Comme un lobby pharmaceutique qui viendrait à provoquer des maladies pour vendre les médicaments correspondants, la chasse tente encore de nous faire croire que certains effets secondaires sont certes malheureux, mais inévitables. Aussi longtemps que nos impôts financeront les envies mortifères de quelques-uns, pourquoi s’en priver ?

 

3 Commentaires sur “La chasse ? Cette tumeur qui se prenait pour un traitement inéluctable

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *