Par Sandro Rato, référent REV Île de France
Si notre présence, le samedi 29 août, s’imposait aux côtés des associations, c’est que l’antispécisme est la valeur centrale de notre programme. Nous sommes tous d’accord pour affirmer que le combat pour la libération animale est la continuité logique des grandes luttes pour l’égalité et l’émancipation (mouvements ouvriers, antiracistes, féministes, pour les droits de la communauté LGBTQI).
L’objectif de faire de la cause animale, non plus une sensibilité vaguement partagée par les défenseurs de l’environnement ou un supplément d’âme au sein d’un parti déjà formé, mais au contraire l’épicentre d’un projet global de société qui affirme sa radicalité pour faire face aux grands défis contemporains est celui dont la REV se réclame.
Nous reprochons à l’écologie traditionnelle de trop parler en termes d’espèces à conserver et très peu, sinon jamais, d’individus dont il faut respecter l’intégrité physique et morale. Aujourd’hui, la jeune science qu’est l’éthologie participe de lever le doute fondateur du Spécisme. Il est prouvé que les animaux non-humains sont, pour la plupart, des êtres doués de conscience qui ressentent le bien comme le mal qu’on leur fait. Dès lors, le concept à opposer au spécisme, aussi bien en philosophie que sur la scène politique est celui de la sentience. Lui seul peut nous défaire de cette aliénation qui nous pousse à considérer l’ensemble des intérêts des individus humains (y compris les plus futiles et les plus vils) comme fondamentalement supérieur aux intérêts à vivre et à ne pas souffrir des animaux non-humains.
L’antispécisme, loin des caricatures que l’on entend trop souvent, est la clé d’une réconciliation possible. Entre l’homme et les autres animaux, bien sûr, mais également entre l’homme et le monde avec lequel nous n’entrons plus en « résonance » (terme emprunté au philosophe Hartmut Rosa).
Commençons donc par déconstruire un mythe : Non, il ne s’agit pas d’accorder les mêmes droits à tous les vivants ni même à tous les animaux. Mais le droit accordé à un être doit dépendre de ses intérêts et non pas de ses capacités. La sentience permet ainsi de définir l’intérêt à vivre qui transparaît pour la grande majorité des animaux, humains comme non-humains. Nous proposons ainsi d’accorder quatre droits fondamentaux et communs à tous les animaux sentients :
-Le droit de ne pas être tué
-Le droit de ne pas être torturé
-Le droit de ne pas être vendu
-Le droit de ne pas être enfermé
Cela revient à porter un programme abolitionniste auprès du grand public qui prend de plus en plus conscience de la nécessité de privilégier l’alimentation végétale (nous pouvons nous référer notamment aux propositions de la Convention citoyenne pour le Climat concernant la réduction de 40 % de nos gaz à effet de serre d’ici 2030 par une diminution de 20% de notre consommation de viande et de produits laitiers).
Ces droits fondamentaux dont nous voulons faire bénéficier les autres animaux (au même titre que les humains !) recoupent évidemment de nombreux points de notre programme qui entend faire de notre espèce, tout de même consciente de ses particularités, un tuteur du Vivant. La fermeture des zoos et delphinariums devra être suivie par de véritables programmes de conservation des animaux dans leurs habitats naturels, protégés par une interdiction (par étapes) de la chasse et de la pêche ainsi que par une réorientation progressive des cultures vers un modèle exclusivement végétal et relocalisé. Tout ceci afin de mettre un terme au calvaire de 70 milliards d’animaux terrestres et 1000 milliards d’animaux marins chaque année, de libérer des milliers d’hectares pour nourrir les hommes, de remédier à la surpopulation d’animaux domestiques et limiter l’empiètement d’homo sapiens sur les territoires sauvages, autant pour le maintien des écosystèmes que pour la santé humaine…
S’il faut retenir quelques leçons de la crise sanitaire que nous traversons, c’est que tout est lié, par conséquent, tout est à réinventer pour développer une culture de l’empathie et du soin, profondément écologique et radicalement différente.
La REV entend bien porter cette culture.
C’est une belle culture et un beau programme, mais c’est un combat politique révolutionnaire car il ne pourra pas se réaliser sur la base de la propriété capitaliste, de la concurrence de tous contre tous, du marché et de son anarchie.
Cette société n’est pas gouvernée par la raison mais par des intérêts matériels égoïstes.
Le monde est plein de heros de l’alimentation – des agriculteurs aux chauffeurs, en passant par les vendeurs et les representants des banques alimentaires, qui, malgre la pandemie de COVID-19, continuent de travailler dur pour garantir l’acheminement de la nourriture des fermes a nos assiettes. En cette Journee mondiale de l’alimentation, rendons hommage a leurs efforts!