Par David Joly, Référent REV Hauts-de-France
Depuis ce dimanche 26 juillet, nous connaissons donc l’intégralité de la composition du nouveau gouvernement de l’ère Macron, avec la nomination des différents secrétaires d’État.
D’aucuns espéraient la création d’un secrétariat d’État en charge de la condition animale.
Ce qui n’a pas eu lieu et c’est tant mieux. Quel aurait été le sens d’une telle initiative au sein d’un gouvernement dont les prédécesseurs ont toujours œuvré à ce que le vivant non-humain soit délaissé, torturé, anéanti ?
Cela aurait relevé de la plus grande imposture, après qu’Emmanuel Macron lui-même ait milité en faveur du retour des chasses présidentielles (1), que deux ministres (dont celui en charge du bien-être animal !) aient été aperçus au sein des arènes de Bayonne se délectant de la torture d’un bovin (2), ou encore que le ministre de l’Agriculture ait été pris en flagrant délit de mensonge afin de couvrir les mises à mort abominables qui se pratiquaient au sein d’un abattoir (3). Liste malheureusement bien loin d’être exhaustive.
Pour autant, nous avons eu droit à la réapparition d’un secrétariat d’État en charge de la biodiversité. Qu’attendre de ce dernier ? Au vu du pedigree de la personnalité qui en a reçu la charge, la réponse semble bel et bien être : absolument rien.
Si le nom de Bérangère Abba est totalement inconnu pour la quasi-unanimité des citoyens de ce pays, celle-ci semble d’ores et déjà dotée de cette extraordinaire faculté à adapter le niveau de profondeur de ses convictions aux opportunités d’évolution de sa carrière politique personnelle.
C’est ainsi que, du statut de farouche opposante au projet d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure dans la Meuse, elle fut capable, une fois élue députée sous l’étiquette présidentielle, d’intégrer le conseil d’administration de l’agence nationale qui a en charge le pilotage du projet (4). Un comportement maintes et maintes fois constaté au sein de la vieille classe politique et qui rappelle une célèbre chanson de Jacques Dutronc… (5)
Par ailleurs, il semblerait qu’aux yeux de Bérangère Abba, la gestion de la biodiversité ne puisse se faire que par le recours aux armes, en témoigne le plaisir qu’elle affiche d’être présente au sein de salons d’exposition de trophées de chasse (6) et autres manifestations cynégétiques (7).
Une chose est certaine, c’est qu’elle va travailler en parfaite harmonie avec la ministre à laquelle elle est rattachée.
À peine nommée, Barbara Pompili a en effet respecté la tradition républicaine du déroulé de tapis rouge au monde de la chasse en recevant le président de la FNC qui, encore quelques semaines auparavant, réclamait l’ajout du chat parmi les espèces chassables en France et encourageait ses adhérents à infliger de « bonnes branlées » à leurs opposants (8).
Un rendez-vous fructueux pour les amoureux de la gâchette puisqu’en découle, entre autres, une consultation publique dont l’objectif est de mettre en place la destruction à grande échelle d’une espèce d’oiseau menacée d’extinction (9).
Une consultation qui s’apparente, comme d’habitude, à un simulacre de démocratie puisque, quelle que soit le sens de la participation obtenue, la décision finale devrait pencher en faveur du lobby cynégétique. Preuve en est la dernière consultation en Seine-Maritime, relative à un projet d’extermination de près de 1 500 renards au sein du département (10). Bien que les réponses en faveur de méthodes de régulation alternatives à la mise à mort aient été exprimées à plus de 63 %, la préfecture s’est royalement assise sur ces dernières.
Ajoutez à ce beau tableau un premier Ministre qui pense que ce n’est « presque pas normal » de ne pas se rendre à une corrida lorsque l’on est originaire du sud et un Garde des sceaux tout autant passionné de chasse que de torture d’herbivores, et vous obtenez un gouvernement en totale porte à faux avec les aspirations de la société civile sur ces sujets.
Lors de ses allocutions durant la période de confinement que nous avons vécue, Emmanuel Macron avait insisté sur le fait qu’il y aurait un « avant » et un « après ». Pour une fois, il ne nous a pas menti. L’après n’a rien à voir avec l’avant : il est bien plus apocalyptique pour le vivant.
- https://www.francetvinfo.fr/politique/emmanuel-macron/emmanuel-macron-souhaite-le-retour-des-chasses-presidentielles_2576288.html
- https://www.lci.fr/population/les-ministres-didier-guillaume-et-jacqueline-gourault-assistent-a-une-corrida-a-bayonne-les-defenseurs-des-animaux-fulminent-2129602.html
- https://www.europe1.fr/societe/video-de-lassociation-l214-didier-guillaume-a-t-il-couvert-les-non-conformites-dun-abattoir-3951730
- https://reporterre.net/La-deputee-Berangere-Abba-un-jour-contre-l-enfouissement-des-dechets-nucleaires-a-son-pilotage-le-lendemai
- https://www.youtube.com/watch?v=abZirUDx2Ps
- https://www.berangereabba.fr/blog/haute-marne/visite-de-lexposition-des-trophees-de-chasse-a-auberive.html
- https://www.berangereabba.fr/blog/haute-marne/chasse-et-nature-en-fete-a-chateauvillain.html
- https://rev-parti.fr/leur-monde-dapres-sera-exactement-celui-davant/
- https://www.lpo.fr/actualites/chasse-a-la-tourterelle-des-bois-la-france-tente-de-pigeonner-l-europe
- https://france3-regions.francetvinfo.fr/normandie/seine-maritime-pres-1500-renards-risquent-etre-abattus-fin-annee-1840490.html